Jonque du Fukien au 1/50e

Mon épouse m'ayant tanné pendant des années pour que je lui fasse une jonque, j'ai fini par m'y mettre, y trouvant deux avantages :

1 - Je lui faisais plaisir.
2 - S'agissant d'une surprise, je l'ai interdite de séjour dans mon atelier, ce qui m'a permis de prendre mes distances avec l'aspirateur.

Mon choix s'est porté sur une jonque de haute mer du Fukien, province du sud de la Chine, utilisée pour le transport de bois et connue pour la superbe décoration de sa poupe. Il en existe un beau modèle au Science Museum de Londres, qui fait partie de la collection de Sir Frederick Maze (1871-1959), inspecteur général des douanes maritimes chinoises de 1929 à 1943, qui s'est beaucoup intéressé à ces bâtiments traditionnels.



Premier problème, il n'en existe pas de kit. Il a donc fallu trouver de la doc. Le bouquin Sail and Sweep in China de George R. G. Worcester (collègue de Sir Frederick) n'étant pas suffisant, il a fallu fouiner sur le net pour trouver parmi les nombreuses sources chinoises, celles qui ont le bon goût d'être en anglais.

Ceci fait, j'ai sorti mon logiciel papier/porte-mine/gomme, vu que je suis nul en maths et que bien entendu je ne sais pas me servir d'un logiciel de dessin.

Je vais maintenant vous présenter les grandes lignes de la construction.

Coup de pot, la carène de la jonque Amati est identique à celle des jonques du Fukien et elle est au 1/50e. J'avais donc le tracé des couples.

Le plan :



Bordé sur membrure classique, premier bordé en tilleul.



Arase des couples et mise en place des jambettes de pavois en poirier.



Début de la pose du bordé de finition en ébène.



Poursuite du second bordé et mise en place des quatre préceintes.

bonjour andy 
je vais suivre ta réalisation avec plaisir car je n'ai pas encore fait de bateau en bois

Bonjour Andy,

Une très belle réalisation que je vais suivre avec le plus grand intérêt !

Merci jeunes gens !

La coque terminée


 



et sa proue en marotte.



Sur la partie débordante, vous remarquez deux orifices. C'est l'entrée de l'amortisseur de tangage, une invention chinoise qui, comme d'autres, date des environs de l'an mil. La jonque est divisée en compartiments étanches, ce que Marco Polo avait remarqué. En Occident, il faudra attendre la moitié du XIXe pour qu'on s'y intéresse. Quand l'avant du bâtiment plonge, l'eau pénètre dans la premier compartiment qu'elle remplit, tout en compressant l'air. Quand la proue se relève, l'air se décompresse et chasse l'eau, adoucissant le mouvement de tangage.

La proue en marotte que l'on retrouve sur nos dériveurs est aussi une invention chinoise de même époque. On leur doit également le gouvernail à safran et les dérives latérales, typiques des embarcations hollandaises. En fait, ce sont les marins de la VOC qui les ont fait connaître dans leur pays.

Prochaine étape, l'accastillage et les superstructures.

le bonjour te va Andy et Tertous,
ah oui quelle finition de ouf ! Magnifique de chez magnifique, du cousu mains !

ah oui les compartiments j'en avais deux sur mon traîne couillon, j'avais oublié d'en fermer un et j'ai du rentrer à toute vitesse pour le remettre sur sa remorque et le vider et j'ai pu repartir, merci les chinois !

Dans le port  de Saïgon, 
Est une jonque chinoise, 
Mystérieuse et sournoise,
Dont on ne sait pas son nom. 


Magnifique cette jonque, un rêve pour moi mais maigres mes nombreuses années en Asie, jamais réussi à trouver un maquette de jonque digne de ce nom et ... déjà montée. Un fois à BKK, mais le prix me fit fuir, même avec une solde d'expatrié c'est dire. Donc cela reste du domaine de ce que l'on désire sans l'obtenir et entretien le rêve...

Coyote a écrit:
Dans le port de Papeete, 
Était une jonque chinoise, 
Mystérieuse et sournoise,
Dont on ne savait pas le nom. 

J'ai légèrement modifié le texte pour l'adapter à l'anecdote.

La première fois que je suis allé à Tahiti, il y avait une magnifique jonque amarrée à une jetée du port de Papeete. Je ne la quittais pas des yeux. Un soir, mon représentant qui m'accompagnait et moi décidons d'aller y prendre un verre. Sur l'appontement nous croisons un gars qui nous sourit et nous dit d'un air égrillard : bonne soirée, Messieurs. Nous n'y prêtons pas attention. On s'installe et on commande deux Hinano, la bière locale. L'aimable serveuse nous apporte nos bibines puis au bout de cinq minutes vient s'assoir à notre table et nous explique d'un air faussement attristé que la patronne l'oblige à avoir des relations sexuelles avec les clients. C'était en fait ce que les Chinois appellent poétiquement un bateau-fleur, un bordel flottant.

Il y avait bien une lanterne chinoise rouge à l'extérieur, mais comme elle a une signification toute différente dans l'Empire du Milieu, cela ne nous a pas interpellé.

La jonque était donc bien mystérieuse et sournoise.

superbe finition de la coque

Un travail de grand maître
Tu l’a faite en ? année parce que maintenant il y a plusieurs kit sur le marché
Artesania, Amati et autre

Bonjour Andy,

  magnifique cette jonque ,superbe travail Bravo.

 

Merci pour vos appréciations. Mes chevilles vont gonfler, demain j'irai à la pharmacie acheter des bas de contention.

Charles. Les études préalables m'ont pris trois mois et la construction 11 mois.

Il y a effectivement des kits de jonques, le Red Dragon d'AL, celui d'Amati et celui de Disarmodel, mais si on veut en faire quelque chose d'historiquement potable, tout est à revoir.

On continue.



Vous remarquez les galeries débordantes (une de chaque côté). Pour vous éclairer sur leur usage, je vous donne un indice :



Sur la gauche, le guindeau de relevage du gouvernail. Celui-ci est mobile, on le lève ou on l'abaisse en fonction de la profondeur du fond.



D'avant en arrière. Le guindeau de manœuvre des ancres, un abri et le chevalet sur lequel reposent vergues et voile de misaine quand elles sont amenées, la cale, le guindeau de manœuvre de la grand-voile, le magasin et la cabine.



Guindeau et ancres traditionnelles chinoises, en bois.

On fait une pause, le temps d'avaler un verre de Mei Kuei Lu.

Retour à Papeete. 

La Jonque en question... détruite en 1989 par un incendie.

Oh ben mince ! La pôv' serveuse s'est retrouvée au chômage.

Allez, on continue.



Le cabestan à l'anglaise, un des rares emprunts à la marine occidentale. Derrière, la soute à eau douce où Kô-zet, la fille de Thé Nar-dié, le cuistot du bord, va chercher de quoi abreuver l'équipage.



La cabine des passagers. Au fond, l'autel destiné aux dévotions à Guan Yin, déesse de la compassion, propice à l'accomplissement d'un voyage serein. 

Pour Michel, l'homme du carrousel. Décoration des portes et de l'autel à la peinture acrylique Beaux-arts. Chaque fleur a sa symbolique. le fond des cadres a reçu une couche de blanc avant finition. Le vert et le rouge couvre suffisamment. Le pinceau à trois poils s'impose.



La cabine vue de l'extérieur. Elle est entourée par les chevalets de l'ensemble antenne, lattes, vergue, voile du grand-mât qui pèse plus d'une tonne.



L'échelle de coupée.

Bonsoir Andy, 

Kozet n'est pas la fille des tenarder c'est une esclave au service de parents adoptif si on peux dire cela comme ça. 

 Si non génial le travail remarquable bravo ,je l'aime beaucoup cette jonque.
 

Le nom Thénardier provient d'un conflit d'opinion entre Victor Hugo et Louis Jacques Thénard, chimiste de renom et Pair de France. Le premier milite en faveur de la réduction du temps de travail des enfants de 16 à 10 heures, le second refuse. Rancunier, Totor affuble son sordide personnage du nom que l'on connaît. Ce qui n'est pas très élégant, c'est que lorsque le roman paraît, Thénard est mort depuis cinq ans et il ne peut pas réagir.

une finition superbe  et la déco des portes et de l'intérieur

Andy a écrit:Il y a effectivement des kits de jonques, le Red Dragon d'AL, celui d'Amati et celui de Disarmodel, mais si on veut en faire quelque chose d'historiquement potable, tout est à revoir.

Oui en effet c’est bien vrai pour la + par des maquettes sur le marché a quelque exception

La timonerie. Comme le gouvernail est mobile, sa très longue mèche est percée à deux endroits et la manuelle est engagée dans l'une ou l'autre des mortaises, selon qu'il est relevé ou abaissé.



Les voiles et leurs lattes. les laizes en diagonale ne m'inspirant que très modérément, je les ai fait faire par une couturière.



Aboutissement des manœuvres du grand-mât. J'ai volontairement utilisé des cordages de kit, plucheux, les cordages chinois, différents des nôtres, ayant cet aspect ébouriffé.



Girouettes. Bien sûr elles indiquent la direction du vent, mais pas seulement. Le voyage est d'autant plus périlleux que de mauvais esprits s'en mêlent. Ce sont les gouei, âmes des marins noyés qui aimeraient bien se faire de nouveaux copains. La parade : un miroir, ici en forme d'œil, sur la girouette. Les gouei s'en approchent, se voient dans le miroir et comme ils sont très laids, ils se foutent la trouille et s'enfuient.

Comme dit le philosophe cantonnais, celui qui rit : jonque du matin, on s'approche de la fin.

Bonjour Andy,

Je découvre la progression de cette jonque. C'est superbe !

Encore une fois, les bouteilles ont une vocation bien connue : vase d'aisance  (ou de commodités, c'est comme on veut).

Une très belle réalisation qui permet d'apprendre plein de choses.