LA PASSION DU MODELISME entre AMIS


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COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS

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Message par L'ancien Jeu 25 Mai 2023, 17:25

pirat Je me lance doucement... Toujours par Surcouf et Mba l'ancien...

LE BISMARCK COTE ANGLAIS

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10

19 mai 1941 :

Ignorant le départ du Bismarck, Winston Churchill premier ministre médite dans sa propriété des Chartwell (commune de Westerham, Coordonnées 51° 14′ 40″N, 0° 05′ 00″E sur Marpleton road).

- Après un bon Whisky, Winston allume un énorme cigare. il regarde par la fenêtre la beauté du parc au mois de mai.
Il médite sur les intentions des Allemands. En vieux renard, il se doute qu’Hitler avec son super cuirassé va frapper un grand coup.
"Une merveille de construction navale". C’est ce qu’il pense du Bismarck, car lui qui a été premier lord de l’amirauté connait bien les cuirassés.
Il est ultramoderne, rapide et déplace 50.000 tonnes. Un blindage principal quasi invulnérable dont les plaques aux essais sur terre ont résisté aux obus de 380mn. Des canons anti-aériens de 150 mn variant automatiquement en fonction de l’inclinaison du navire. Et ce ne sont que des détails parmi toutes ses innovations.

Au mois de mai la recrudescence des reconnaissances allemandes entre Jan Mayen, petite ile au nord de l’Islande, et le Groenland a éveillé l’intérêt des amiraux Anglais. Le Bismarck va surement tenter une sortie.
Ce cuirassé mobilise des bombardiers, des avions de reconnaissance. Des navires. A cause de lui, Churchill a dû prendre une décision difficile :

Ne pas renforcer la Crête sur le point d’être envahie par les Allemands (elle le sera le lendemain 20 mai).

"Maintenez la force H de Somerville à Gibraltar. Ne l’envoyez pas en Crête, j’en ai besoin pour ce satané cuirassé. Dieu sait où il pourrait surgir!".

Décision lourde de conséquences. Prouvant à quel point un navire peut interférer dans les décisions stratégiques.

Amiral sir John Tovey à bord du King George V (collection personnelle de Surcouf)

21 mai à l’aube :

Henri Denham l’attaché naval anglais en Suède transmet un message à Londres :

"Bismarck repéré en Suède au large de Marstrand".

Quelques heures plus tard second rapport : un membre des services secrets Norvégien Viggo Axeissen signale le Bismarck au large de Kristiansand.

C’est comme si un nid de frelon vient d’attaquer le QG de Churchill. Toute l’amirauté anglaise se rue sur les téléphones.

Le premier ministre mâchonne plus qu’il ne fume son cigare :

"Envoyez un maximum d’avions de reconnaissance au sud de la Norvège. Il faut localiser le Bismarck!".

21 mai :

13h15 :

Michael Suckling dans son Spitfire survole la zone de recherches. Il est pilote des gardes cotes de la RAF.

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Clin_d10COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS N_6_sp12

Le ciel est beau mais légèrement nuageux. Soudain l’attention de Suckling est attirée par des éclats argentés dans la rade de Grimstadfjord près de Bergen.
A y regarder de plus près, c’est un groupe de navires à l’ancre. Deux silhouettes se distinguent des autres par la taille.

Le pilote envoie un message :

"Présence de 2 croiseurs ressemblant au Hipper".

Suckling met en route le dispositif photographique et refait un passage avant que les navires réagissent.
De retour à sa base, on lui arrache littéralement ses prises de vue. A l’analyse des photos on pousse des exclamations :

"Mais ce sont le Bismarck et le Prinz Eugen!"!.

L'information est immédiatement transmise à l’amirauté.
Churchill cette fois n’y tient plus, il laisse éclater sa mauvaise humeur et écrase son cigare dans un cendrier déjà bien rempli :


"Prévenez immédiatement sir John à Scapa Flow!".

Le commandant en chef de la Home Fleet est l’amiral sir John Tovey. Bien que l’homme ne plaise pas trop à Churchill qui lui préfère sir Dudley Pound beaucoup plus soumis, il doit reconnaitre le talent de cet officier volontaire capable de prendre les bonnes décisions au bon moment. Comme il le dit lui-même : « the right man in the right place » (l’homme qu’il faut au bon endroit).

A 56 ans Tovey est un marin plein d’humour et de confiance. Il est très apprécié de ses hommes. Capable de maitriser des situations de crise, c’est un fin stratège pouvant braver ses supérieurs si les ordres lui paraissent inadaptés.
A l’annonce de la présence du Bismarck, l’amiral se trouve à bord du King George V dans la baie de Scapa Flow. D’autres navires important se trouvent à ses côtés, à savoir :
Le croiseur de bataille Hood battant pavillon du vice amiral Lancelot Holland.

Le HoodCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 88833710

Nota : on ne voit pas l'horloge...

Le cuirassé Prince of Wales tout neuf dont les travaux de finition sont en cours.

Prince of WalesCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Prince10
Là on semble distinguer l'horloge en haut

Le porte-avion Victorious devant livrer 48 hurricanes en Egypte.

VictoriousCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 37113210

Enfin 4croiseurs et 9 destroyers.

Devant ses officiers et une carte murale l’amiral Tovey donne ses instructions :

"Le Bismarck accomplit sans doute une mission de transport de matériel de guerre vers la Norvège. Mais je n’exclue pas un raid contre les convois, c’est pourquoi nous allons placer des navires sur ses routes éventuelles!".

Tovey montre du doigt la mer du nord :

"Ordonnez au Suffolk de rejoindre le Norfolk dans le détroit du Danemark. Les croiseurs Birmingham et Manchester en patrouille entre l’Islande et les Féroé doivent faire le plein!".

Le suffolkCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hms_su12

Le NorffolkCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hmsnor11

Puis l’amiral Tovey se tourne vers l’amiral Holland :

"Lancelot, prenez le Hood et le Prince of Wales et dirigez vous vers Hvalfjord en Islande. De là vous pourrez contrôler le détroit du Danemark!".

Holland acquiesce :

"Si le Bismarck cherche à passer dans l’Atlantique je pourrai l’intercepter!"
.
"Exactement. Autre chose, mettez le reste de la flotte en alerte à Scapa et faites transférer des Swordfishs sur le Victorious, je le prends avec moi ainsi que le Repulse!".

Le RepulseCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Repuls10

"Très bien John, je m’en occupe immédiatement!".

Ainsi en très peu de temps, Tovey a bloqué toutes les routes possibles du Bismarck!

A suivre si vous le voulez bien…

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Message par Nico42 Jeu 25 Mai 2023, 22:22

Je vais suivre l'autre coté de l'histoire.

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Message par Serge Ven 26 Mai 2023, 08:47

Une seule sortie et pourtant que de fait divers sur ce navire, pour un béotien comme mot, un récit fort intéressant

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Il existe deux choses infinies : l'univers et la bêtise humaine, et encore, pour l'univers, on n'en est pas sûr ... (Albert Einstein )

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Message par L'ancien Mer 31 Mai 2023, 18:25

Le bonjour vous va Tertous,
vue les difficultés à débroussailler  les écrits communs, vue l'ancienneté de la 1ère réalisation, j'espère ne pas avoir loupé des étapes ou en avoir rajouté...


---CHAPITRE II---


LE BISMARCK Coté Anglais


Origine toujours Surcouf  ++ et Mba l'ancien...


COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10


De fait l’amirauté annule le départ du Victorious pour le Moyen-Orient et rappelle le Repulse se trouvant dans la Clyde.


21 mai au soir :


18 bombardiers Britanniques partent en direction de Bergen. En raison du mauvais temps et la DCA, seuls 2 d’entre eux parviennent à lâcher leurs bombes sur la rade sans voir quoi que ce soit.


22 mai :


L’amirauté pense que le Bismarck est toujours à Bergen, mais Churchill en veut la confirmation :


"Faites moi un rapport quotidien sur la position du Bismarck!".


Plus facile à dire qu’à faire. Il se trouve que le 22 mai les nuages sont très bas et la côte Norvégienne enveloppée de brouillard. Sans compter une FLAK très virulente.


"Trop dangereux, une vraie purée de poix!". Disent les pilotes en revenant de mission.


Toutes les reconnaissances échouent.
Dans les iles Orcades, Le capitaine Fancourt responsable de la station de Hatson passe outre et demande à son meilleur pilote :


"Vous pensez pouvoir le faire commandant?".
"Il faut bien quelqu’un pour localiser ce fichu cuirassé!".



Le commandant Rotherham décolle. C’est l’un des observateurs les plus expérimentés de la Royal Navy. Il parvient en rasant les vagues et une défense très active à découvrir Bergen vide de tous navires.


A cette nouvelle, Churchill montre de l’inquiétude.
Il câble un message au président Roosevelt : "Onze convois dont 20.000 hommes de troupes doivent traverser l’Atlantique. Je n’ose imaginer ce qui se produira si le Bismarck tire sur le Queen Elizabeth. Si nous ne pouvons l’arrêter pouvez vous nous aider?".
Roosevelt répond : "Donnez nous les informations, nous ferons le travail!".


22 mai :


22h45 :


Tovey appareille avec sa flotte comprenant le King George V, le Victorious et Repulse (en route pour le rejoindre). Suivent ensuite les croiseurs Galatea, Kenya et Hermione. Puis 7 destroyers dont les : Cossack , Zulu, Sikh, Maori et le Polonais Piorun. L’amiral Tovey de bonne humeur constate avec satisfaction :


les croiseurs Galatea, Kenya et Hermione


COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hms_co12 COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hms_zu13 COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hms_si12
destroyers dont les : Cossack , Zulu, Sikh
COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hms_ma12 COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Hmspio10
Maori et le Polonais Piorun


Lancelot attend déjà avec le Hood et le POW au large de l’Islande. Le Suffolk à presque rejoint le Norfolk dans le détroit du Danemark.
Tout se met bien en place. Et dans les Féroé dit Tovey?
Un de ses officiers répond :


"L’Arethusa navigue en direction des iles Féroé pour renforcer les patrouilles du Manchester et Birmingham!".


23 mai au matin :


Le Repulse rejoint le groupe de Tovey.


23 mai :


19h22 :


A bord du Suffolk le capitaine Robert Ellis expérimente son nouveau radar à travers la brume lorsque deux échos apparaissent sur l’écran.


"Alerte!".


Au même instant de son poste d’observation le deuxième classe Newell découvre une forme noire à la jumelle.


"Navire à un, quatre, zéro!". Crie Newell.


Les sonneries d’alerte retentissent.


"Virez de bord!". Ordonne Ellis.


Le Suffolk envoie un message :


"Avons repérés Bismarck et Prinz Eugen dans détroit du Danemark".


C’est le vice-amiral Wake-Walter qui commande le Suffolk et le Norfolk qui répond :


"Evitez les tirs et suivez le Bismarck!". Ordonne t-il.


Le croiseur se réfugie immédiatement dans une zone brumeuse.
Le Norfolk ayant reçu le message du Suffolk augmente sa vitesse pour prendre contact.


20h30 :


Le Norfolk aperçoit les 2 navires ennemis. Aussitôt le Bismarck se retourne pour élargir son angle de tir et ouvre le feu sur lui.
Le Norfolk évite 5 salves en augmentant sa vitesse et prend de la distance par rapport au cuirassé allemand.
Un obus ricoche sur la passerelle sans faire de blessés.
A bord du Suffolk on se rend compte que le Bismarck s’éloigne rapidement. 


Aussitôt le capitaine Ellis ordonne : "vitesse 30 nœuds!".


Des vibrations secouent le navire et le tangage est terrible, mais le contact avec le cuirassé allemand est rétabli.
Au fil du temps la routine s’installe. Sur les croiseurs anglais on file le Bismarck au radar. Les yeux sont lourds. Personne ne dort et les équipages tiennent en buvant café sur café.
A bord du Hood le message du Suffolk est capté par l’amiral Holland :


"Très bien, montez la vitesse au 27 nœuds. A cette allure nous rencontrerons l’ennemi vers minuit". Dit l’amiral.


21h30 :


L’amiral Tovey à bord du King Georges V n’a pas reçu le message du Suffolk, mais il capte celui du Norfolk. Il décide d’adopter la même route que celle de Holland pour rejoindre le Bismarck. Mais il sait qu'il est trop loin pour intervenir en même temps.


Lorsque l’amirauté reçoit le message du Suffolk, Churchill demande :


"Le Repulse et le Victorious ont étés rappelés pour participer à la chasse au Bismarck, c’est bien cela?".


Les amiraux acquiescent. Churchill poursuit :


"Vous n’êtes pas sans savoir que ces 2 navires participaient à la protection du convoi situé à l’ouest de l’Islande. Je m’inquiète de la sécurité de ce convoi. Imaginez que le Bismarck surgisse en plein milieu. Faites venir la force H de l'amiral Sommerville!".


La force H est à Gibraltar , elle se compose du Renown, de l’Ark Royal et du Sheffield. Immédiatement les feux sont poussés pour l’appareillage et on charge un maximum d’avions et d’obus.
Pendant ce temps au sud de l’Islande le Hood force au maximum ses machines pour être au rendez vous avec les allemands.
L’amiral Holland ne cache pas son inquiétude. Une sorte de pressentiment l’assaillit :


"J’espère que la cuirasse du Hood tiendra face aux obus allemands".




Un de ses officiers rétorque :


"Nous avons le POW avec nous amiral. 18 canons contre 8. Ça devrait faire la différence".
"Sans doute, mais sur le POW les ouvriers de Vickers sont encore à bord pour les réglages. Un navire de 3 semaines à peine rodé qu’on envoie au combat, je n’aime pas trop ça. Mais soyons optimistes, en tirant les premiers nous avons nos chances. Si nous poursuivons à cette allure et ce cap, nous allons intercepter les allemands au milieu de la nuit. Or j’ai une meilleure idée. Dévions notre course vers le nord. Ainsi on reporte la rencontre vers 2 heures du matin juste au lever du soleil à cette latitude. Nous attaquerons de face les allemands avec une vitesse combinée de 56 nœuds qui limitera leur temps de réaction".


"Mais de face nous n’aurons que les batteries avant pour tirer". Remarque un officier.


"On virera de bord au dernier moment. Je préfère cette solution pour limiter les impacts sur le Hood. Nous attaquerons le Bismarck avec le POW, tandis que le Norfolk et Suffolk se chargerons du Prinz Eugen".




0h15 :


Dans une bourrasque de neige Le Norfolk et le Suffolk perdent contact avec le Bismarck.
Holland fait hisser l’Union Jack à bord du Hood et Prince of Wales :


"Préparez vous à l’action!".


2H03 :


Toujours sans nouvelles des Allemands, Holland ordonne une route au sud-ouest pour ne pas passer à l’arrière du Bismarck et le manquer.


La suite Tertous... Passage capital et finalement riche de témoignages malgré les terribles événements.




Il faut savoir que la perte du Hood traumatisa les Anglais beaucoup plus que le Blitz, ce fut comme si Buckingham Palace avait été rasé. Ce navire avait toujours représenté l'Angleterre à travers le monde.




Le Hood fonçant vers son destin. Cette photo prise du POW est la dernière du navire.


COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Pow-ho11


2h47 :


Le Suffolk reprend contact avec les Allemands. Aussitôt le Hood et le Prince of Wales changent de cap et prennent de la vitesse. Mais au vu de la position de l’ennemi, le plan de Holland se trouve bouleversé; en effet Anglais et Allemands avancent en parallèle vers le sud-ouest à 35 milles de distance. Les Anglais se trouvant au sud du Bismarck doivent s’approcher de l’ennemi par le travers. Holland décide donc de virer au dernier moment pour attaquer de face.
Sur le pont du croiseur de bataille, l’amiral est inquiet :


"Songez que le Hood est un vieux navire n’ayant jamais combattu un adversaire". Confie t-il à un officier.


Pendant ce temps, a bord du Suffolk et Norfolk les nerfs sont mis à rude épreuve :


"Attention, virez de bord!"


Une masse noire et sombre s’avance crachant du feu par tous ses canons. Le Bismarck essaie de se débarrasser des 2 croiseurs qui le suivent. Mais le radar l’a dénoncé avant et le capitaine Ellis a le temps de se mettre à l’abri.
Le cuirassé allemand essaie ensuite de filer, mais là encore le radar le traque impitoyablement. Il suffit au 2 croiseurs de le suivre, ainsi que le Prinz Eugen à bonne distance hors de portée de tir.
Sous la nuit arctique a bord du Hood et du Prince of Wales les nerfs sont mis à rude épreuve, les hommes sont épuisés à leur poste. 
Dans la salle des compas du Prince of Wales le capitaine Leach se confie à son second :


"Comment va se comporter l’équipage sans entrainement? J’espère que nous pourrons tirer efficacement, 
                                     un des canons de 356 est déjà en panne!".


Le lieutenant Esmond Knight réserviste dans la Navy est assis à son poste de DCA, il s’est muni d’un casque et de multiples tricots sous son gilet de sauvetage tant il fait froid. Il observe l’horizon avec ses jumelles allemandes, souvenir d’Autriche.


4h00 :


Tout le monde s’affaire sur le pont du Hood. Le timonier Ted Briggs porteur d’ordres de l’aide de camp de l’amiral trouve le comportement des officiers désinvolte, comme s’il s’agissait d’un exercice. 
Il observe l’amiral Holland l’air détaché, enfoncé dans un fauteuil en face de la boussole. C’est de là qu’il compte diriger l’action plutôt que sur la passerelle.
Briggs se demande si l’amiral est bien conscient du risque de s’exposer ainsi. Derrière Holland se tient le capitaine Philipps prêt à transmettre des ordres.
Briggs finit par déceler le professionnalisme sous l’apparente décontraction de ces hommes prêts au combat.


5H00 :


Holland ordonne :


"Donnez l’ordre d’action immédiate!".




Aussitôt un signal lumineux transmet l’ordre au POW.


"Alerte!".


A la jumelle Holland distingue le Bismarck. Le timonier Briggs l’aperçoit aussi Il s’exclame :


"Quelle machine noire et sinistre!"
.
5h45 :




La distance diminue rapidement (14 milles). Holland ordonne :


"Virez plein ouest!".


L’ordre est transmis aussi au POW. Il s’agit d’attaquer de face et éviter les tirs plongeants sur les ponts faiblement cuirassés du Hood.


5h52 :


Les Allemands ne tirent pas, ils sont pourtant à portée. Holland transmet :


"Ouvrez le feu!".


Le Hood tire sa première salve. Elle tombe près du Prinz Eugen.
A bord du POW, le capitaine Leach ordonne :


"Mais ouvrez le feu sur le Bismarck!".


Au bout de la 7ème salve des geysers encadrent le cuirassé allemand.
Holland réalise soudain que ses deux navires groupés représentent une cible idéale pour les Allemands, même de face.
Leach lui, sur le POW constate que ses canonniers sont trop lents :


"Plus vite pour recharger!".


Soudain un officier crie :




"Attention, les Allemands ouvrent le feu!".


Un obus du Prinz Eugen touche l’eau à l’avant du Hood. Un second tombe trop long et aveugle les télémètres avant du Prince of Wales.
Au second tir du Prinz Eugen un obus explose à la base du mât principal du Hood.
En fait sur le pont supérieur du croiseur de bataille se trouvent des armes de DCA nouvelles encore en caisses que l’on a tout simplement entreposées là. Mais ces armes sont bourrées de cordite. L’obus du PE y met le feu.
Ce feu se propage sur toute la partie centrale du navire.




A bord du Prince of Wales, le capitaine Leach est horrifié par le spectacle. En réalité c’est plus spectaculaire que dangereux!
Mais à cause de cela seulement les Allemands alignent leur tir sur cet incendie.


A cet instant Holland ordonne :




"20 degrés sur bâbord!".




Il veut utiliser tous ses canons contre les Allemands.
Au même instant un obus du Bismarck tombe à l’avant des tourelles de poupe. Il traverse la fine cuirasse du pont, les divers compartiments et explose dans la soute à munitions de 100mn, déclenchant celle des 380mn située à côté.




Le timonier Ted Briggs n’entend rien de spécial (de nombreux témoins expliquèrent que le Hood explosa sans bruit) mais voit un mur de flammes devant lui et se retrouve projeté en l’air.
L’affolement est général, les marins se bousculent pour regagner leur poste. Le Hood prend une forte gite sur tribord, puis se redresse un instant avant de basculer à tribord.
L’officier de quart le visage éclairé par une colonne en fusion, hurle :




"Le gouvernail ne répond plus!".
"Passez sur les gouvernes annexes". Dit calmement l’amiral Holland.




Briggs le voit figé à son poste, comme fasciné par l’enfer s’ouvrant au centre de son navire .Le timonier cherche une issue vers l’arrière, lorsqu’il est brutalement avalé par l’eau. Il nage frénétiquement pour s’éloigner mais le Hood l’entraine vers le fond. Epuisé et se voyant couler, il cesse de résister.
Brusquement il se retrouve projeté à la surface. Un spectacle terrible l’attend. L’étrave du Hood se dresse verticalement devant lui. Il se retourne et nage frénétiquement.
Le seconde classe R.E.Tilburn se tient à son poste de DCA quand la salve touche le Hood. Il sent le pont vibrer sous l’impact. Soudain son univers est transformé en enfer de feu et d’acier. Il se retrouve englouti dans une fumée noire puis entouré par les flammes.
Tilburn décide de sauter à l’eau, il arrache son masque à gaz et son casque. Brusquement la soute à munition explose et fonce vers lui. Il a juste le temps de se jeter à la mer. Tandis qu’il nage, un câble radio s’enroule autour de sa botte. Il est entrainé vers le fond, mais réussit à se dégager avec son couteau.
L’aspirant W.J.Dundas s’en sort d’une manière incroyable. De son poste de vigie, il est projeté à travers un hublot directement dans la mer!.






COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Le_hoo14 COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Le_hoo13


Dessin attribué au Captain du POWCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Le_hoo12




Du Prince of Wales, les marins horrifiés voient d’abord une immense colonne de flammes fusant vers le ciel, suivie d’un nuage en forme de champignon. Des débris incandescents sont projetés en hauteur, puis le navire se casse en deux proue et poupe verticales formant un terrible V de victoire.
Mais le Hood menace le POW.




Le capitaine Leach ordonne : "Tribord toute!".


Le navire évite de justesse l’épave vomissant comme un volcan. La vengeance du Prince of Wales est rapide :




"Feu sur le Bismarck!". Ordonne Leach.




Les 356 crachent leurs obus en direction du cuirassé allemand, des explosions témoignent qu’ils ont touché leur cible.




"Bismarck touché". Constate Leach.




A cet instant, il est aveuglé par une effroyable déflagration. Un obus du Bismarck touche la passerelle. Tout le monde est tué à part lui, son officier de navigation et son timonier.


NOTA : (remarque d'AD'HOC en son temps) Effectivement, la 4ème salve du Prinz Eugen toucha au pied du mât arrière, à la hauteur du hangar d'aviation et du monte-charge des munitions, provoquant un incendie de cordite et non une explosion brutale.
Après la 3ème salve du Bismarck, le timonier Briggs entendit l'officier canonnier annoncer à Holland "Impact sur le pont des embarcations et incendie parmi les munitions de parc!", à quoi l'amiral répondit "Laissez ces munitions brûler tranquillement!".
C'était donc bien un impact de 200 du P.E et non celui d'un 380 du Bismarck qui, lui, aurait carrément fait sauter les munitions des U.P (unrotated projectile), destinés à projeter des sortes de roquettes à parachute pour constituer un barrage anti-aérien.
Ce qui est tragique, c'est que suite à la permutation de poste faite la veille par le B. et le P.E, le Hood s'en prit au P.E, sans avoir le temps d'effectuer un changement d'objectif, alors que le POW tira dès le début sur le Bismarck et le toucha.
Le drame du Hood, c'est aussi que l'on n'avait guère tiré les leçons de la 1ère guerre.



A bientôt si vous le voulez bien.


Dernière édition par Michel L'ancien le Jeu 01 Juin 2023, 16:12, édité 1 fois

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Message par Nico42 Mer 31 Mai 2023, 21:34

Merci Michel pour ce deuxième épisode du feuilleton.

Cependant j'ai l'impression qu'une partie du récit est en double si je ne me trompe pas.
Cependant il n'est jamais simple de regrouper divers textes qui peuvent contenir des redites.

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Message par L'ancien Ven 02 Juin 2023, 09:23

Bonjour Nicholas,

En effet je me suis aperçu que il y avait un micmac dans la publication que j'avais faite,  je l'ai retiré et je l'ai complètement Refondue en effet Ce n'était pas vraiment ça 
a plus
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Message par alighieri11235 Ven 02 Juin 2023, 11:08

Je ne sais pas si un autre forum avait fait une telle explication aussi précise sur les derniers jours du bismarck

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En cours
- Le Bismarck au 1/400
A venir mais pas tout de suite
- Pegasus Bridge

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Message par L'ancien Ven 02 Juin 2023, 11:52

Le bonjour vous va Tertous,
vue les difficultés à débroussailler  les écrits communs, vue l'ancienneté de la 1ère réalisation, j'espère ne pas avoir ce coup loupé ou avoir rajouté des étapes!

---CHAPITRE III---

LE BISMARCK Coté Anglais

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COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10

L'équipage du Hood à Malte en 1939, sur 1400 hommes seuls 3 survivants.

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Zoquip10
Le capitaine du Prince of Wales : JC LeachCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Captai10

Une pagaille invraisemblable s’ensuit sur le pont, tandis que dans les fonds personne ne s’aperçoit de rien, jusqu’au moment où du sang dégouline par les tuyaux de communication. Esmond Knight à son poste de DCA est enseveli sous un amas de cadavres.
Leach l’uniforme en lambeaux s’en sort de justesse, il repousse le cadavre recouvrant l’embouchure du porte voix :

"A tribord toute, gouvernez au 150!".

Les marins se précipitent pour évacuer les blessés.

"Par ici, il est encore vivant!".

L’équipe de secours extrait Knight avec peine et l’emmène à l’infirmerie. L’homme est aveugle (il recouvrira la vue plus tard).
Les coups conjugués du Bismarck et du Prince Eugen (7 au but) font des ravages. Déjà 11morts et 9 blessés. Des obus ont traversé la coque sous la ligne de flottaison non loin des chaudières. Le POW est dans une situation désespérée car les canons se dérèglent les uns après les autres et ne peuvent tirer en même temps. La tourelle avant se coince et cesse de fonctionner. Bientôt la tourelle arrière se bloque également.
Il faut choisir entre le suicide ou la fuite. Leach opte pour la deuxième solution sous couvert d’un rideau de fumée(*).
Tandis que ce déroule ce drame, l’HMS Electra recueille les 3 survivants du Hood : le timonier Briggs, le seconde classe Tilburn et l’aspirant Dundas. L’équipage écarquille les yeux devant l’océan vide :

"Où sont les radeaux, tous les survivants?". Demandent-ils.

Briggs épuisé fait un signe de la tête.

"Ils sont tous morts".

A Londres on veut absolument annoncer l’information avant les Allemands.
La BBC diffuse un message laconique :

"L’amirauté à le grand regret d’annoncer la perte totale du HMS Hood dans le détroit du Danemark du fait de l’ennemi. Une nouvelle action est imminente!".

C’est comme si l’Angleterre a brusquement perdu la guerre. Les visages sont blêmes devant les postes de radio. C’est un drame national, toute une génération a été habituée à voir ce fier navire dans les ports ou aux infos cinématographiques. Sans compter ces innombrables familles qui vont pleurer devant les listes affichées sur tous les quais de Grande Bretagne.
La nouvelle fait le tour du monde.
A New York on prépare des manchettes énormes pour les journaux du lendemain :

"Le Bismarck coule le Hood".COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Journa10

Le président Roosevelt commence à s’inquiéter :

"Si ce damné cuirassé allemand montre le bout de son nez, je lui collerai toute l’US Navy sur le dos!".

Churchill fait presque une attaque. Il lance cet ultimatum à l’amiral Tovey :

"Peut importe les moyens, peut importe les conditions. Coulez le Bismarck!".

L’amiral Tovey justement se trouve à 400 Milles de là, lorsqu’il reçoit la nouvelle de la perte du Hood. Il se concentre sur la route supposée du cuirassé :

"Je parie sur la France. C’est la solution la plus logique!". Lance t-il à ses officiers.

L’amiral Wake Walker signale que le Bismarck cherche à s’esquiver.

A 500 milles au sud-ouest se trouve le Rodney escortant le Britannic en direction d’Halifax. Le cuirassé doit rejoindre Boston pour des réparations urgentes.
A son bord se trouvent des officiers américains dont le capitaine de corvette H.Wellings. C’est un observateur auprès de la Home Fleet collectant des informations en cas d’extension du conflit.

11h58 :

Un message en provenance de l’amirauté parvient au Rodney :

"Position ennemie 62°25’latitude nord,33°00’longitude ouest, direction 210, vitesse 26nœuds, le 24 à 9h du matin. Ordre de vous diriger dans cette direction. Si le Britannic ne peut suivre, laissez le seul avec un destroyer".

H.Wellings à ce moment comprend qu’il n’est pas près de rentrer chez lui, s’il rentre chez lui, car le Bismarck peut les couler comme il a coulé le Hood. Le Rodney met cap au nord en poussant ses moteurs à fond.
D’autres navires reçoivent le même ordre :
Le Revenge à Alifax, l’escorteur Ramilies en convoi dans le sud, le croiseur Edinburgh dans les Acores ou le London escortant également un convoi.
Mais le principal groupe rappelé est bien la force H de Sommerville avec l'Ark Royal .
Tandis que tous ces navires se rapprochent, A bord du King Georges V l’amiral Tovey est perplexe, il prend à témoin ses officiers :

"Je viens de recevoir un message indiquant que le Bismarck se traine à 24 nœuds suite à des coups au but".

Quelqu’un précise :

"Le message précédent indiquait que le Bismarck laisse derrière lui une large trace de mazout sur la mer amiral".

"Je ne pense pas que ça soit très sérieux. Je n’en tiens pas compte, je pense plutôt qu’il ignore que toute la Home Fleet est à ses trousses. Il faut absolument le ralentir car s’il augmente sa vitesse nous le perdrons. Nous allons faire intervenir le Victorious".


Seul problème de taille interpellant l’amiral Tovey. Sur le porte avion Victorious beaucoup de novices sont à bord. Des pilotes destinés à Malte à peine formés devant simplement livrer des Hurricanes en caisse. On va leur demander de monter à bord de Sworfishs(**) et d’attaquer un cuirassé bourré de FLAK en pleine mer par mauvais temps!.



Ils étaient vraiment gonflés ces gars; cela dit, malgré sa lenteur, le Swordfish était très puissant, très maniable et agile, et facile à piloter, plus même que le Tiger Moth, en français FAFL "Tigre Mou" (ce qui est tout dire), sur lequel ces hommes avaient fait leur école de base.




le SwordfishCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Swordf10

15h00 :

Tovey ordonne :

"Demandez au Victorious accompagné du Galatéa et ses croiseurs de tracer une route jusqu'à100 milles du Bismarck. De là le Victorious lancera ses Swordfishs".
"En voyant le porte avion le quitter l’amiral est mal à l’aise. Il sait qu’il envoie ces jeunes pilotes sans expérience à la mort!.

Mais l’amiral Walke-Walker n’est pas homme à se décourager ]

"Gardez vos forces rassemblées et collez aux Allemands!" .
(à ce moment les anglais ignorent toujours la fuite du PE, surtout que le Suffolk croit deviner 2 navires sur son radar).
Le Suffolk,le POW et le Norfolk se rangent sur une ligne de file bâbord arrière par rapport au Bismarck.
En réalité,c’est une bonne disposition pour éviter les tirs et maintenir le contact dans une situation normale, mais..

"Alerte sous-marins dans le secteur!".

Le sonar du Suffolk a détecté des échos inquiétants (sans doute l’U556 de Wohlfarth sans torpilles) et les klaxons d’alerte retentissent.

"Adoptez une route en zigzag!". ordonne Wake-Walter.

Le Bismarck lui continue son cap en ligne droite vers le sud, ce qui implique qu’a chaque virage le Suffolk perd le contact avec le cuirassé allemand, le retrouvant seulement en revenant sur tribord.

"On finit par s’y habituer". Commente l’opérateur radar du croiseur.

De fait, il retrouve le Bismarck à chaque fin de zigzag!

22h00 :

Le porte avion Victorious se trouve à 120 milles du Bismarck. La nuit commence à tomber et la mer devient grosse.
A son bord le capitaine Bovell se pose la question suivante :

"Mes pilotes arriveront ils à trouver le Bismarck, l’attaquer et revenir se poser dans le noir par grosse mer?".

Il n’ose penser à cette réponse évidente : "impossible à réaliser pour des novices".
Mais Bovell ne peut discuter les ordres, il faut y aller.
Les pilotes prennent place dans le cockpit des fragiles Swordfishs. Les moteurs tournent, les échappements crachent des lueurs bleutées. Bovell dans l’ilot regarde les avions s’orienter pour le décollage.

"Certains pilotes n’ont jamais décollé d’un porte avion!". Lance t-il à son second.

Cependant, après quelques angoisses tous décollent. (Un Swordfish s’égare temporairement puis rejoint les autres).

23h30 :

9 Swordfishs approchent de leur cible, malgré l’épaisseur des nuages et le manque de visibilité.

Eugène Emonde
COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Sans_t10

Eugène Esmonde (2è gauche) chef d'escadrille des Swordfishs.COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Eugzon10

Le squadron leader Eugene Esmonde découvre un écho de navire sur son radar rudimentaire. Sans hésitation, il plonge à travers les nuages et largue sa torpille. Les autres s’alignent derrière lui.
Brusquement le navire apparait à travers la brume.

"Bon sang les gars ce n’est pas le Bismarck!". Crie le lieutenant Percy Gick.

Il s’agit du Modoc un petit garde cote américain à la recherche de survivants d’un convoi coulé par les U boats.
Heureusement les torpilles filent n’importe où. A bord du Modoc on lève les poings vers ces ridicules biplans.

"C’était comme une nuée de moustiques s’attaquant à un grizzli!". dira plus tard son Capitaine.

Percy Gick à la tête de 3 Swordfishs vire sur l’aile pour rejoindre le Bismarck dont les salves éclairent l’horizon.
Les 3 avions passent le barrage de FLAK lourde du cuirassé, mais au contact du Bismarck les choses se corsent car le navire allemand tire de toutes ses pièces même avec les 380!
Percy Gick décide d’attaquer par bâbord avant. Il rase les vagues, tandis que les obus rebondissent sur l’eau déclenchant d’énormes gerbes dont le franchissement parait impossible. Son Swordfish est secoué dans tous les sens.

"Nous ne sommes pas bien alignés, refaites un passage!". hurle Gick.

De nouveau les 3 biplans font un passage sous un déluge de feu, larguant leurs torpilles contre le cuirassé allemand. Mais le Bismarck les évite toutes, son double gouvernail s’avérant efficace pour virer.
Pour les Sworfishs il est temps de rentrer.

"Je veux prendre une photo mon lieutenant !".
Gick se retourne vers son observateur : "Tu es complètement fou mon vieux, mais je vais essayer!".

Au moment où le Swordfish se redresse un mur d’eau surgit devant lui, c’est la gerbe d’un obus de 380mm. "Attention!".

L’avion est projeté en l’air comme un pantin désarticulé. Un craquement sinistre envahit l’habitacle. Le dessous de la carlingue a disparu.

"Mon Dieu, je n’y arriverai jamais!". S’écrie Gick tirant désespérément sur le manche.

Le moteur trempé hoquette, hésite mais repart. Le Swordfish remonte et fini par s’échapper.
Incroyablement les 8 autres suivent.
La route de retour est pénible. Les biplans sont troués comme des passoires et certains ne tiennent l’air que par miracle. De plus, ils sont à court de carburant.
Le copilote de Gick hurle : "Il y a des sacrés courant d’air ici!".Il faut dire qu’il a les pieds dans le vide !

"Ou est ce satané porte avions?". demande Gick.

Pour accroitre les difficultés, les balises du Victorious on cessé de fonctionner.

Note :  Pour les balises de pont du Victorious, cette anecdote: elles avaient été éteintes pour éviter le repérage par des sous-marins, puis rallumées pour l'appontage à venir sur l'ordre du Cdt Bovel, puis éteintes à nouveau cette fois sur l'ordre de l'amiral Curteis, commandant des croiseurs d'escorte.
Seuls quelques projecteurs de transmission étaient allumés.
Une fois posé, le Cne Esmonde remercia le Cdt Bovel d'avoir allumé des projecteurs, ajoutant: "Mais c'était inutile, nous avions repéré auparavant les feux rouges de signalisation des croiseurs!"
Il faut savoir que ces feux avaient récemment installés parce qu'ils étaient invisibles à grande distance...No comment...

Heureusement quelques instants plus tard, un message radio :

"Je vois la lampe de signalisation du Galatea!". crie le chef d’escadrille Esmonde.

C’est le miracle, ils retrouvent le Victorious. Les 9 Swordfishs atterrissent les uns après les autres sans casse. L’un d’entre eux tombe en panne d’essence dans les filets de freinage.
Mais les choses ne se passent pas aussi bien pour les 5 Fulmars ayant décollés après les Swordfishs.

Le FulmarCOULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Fulmar10

"Suivez et occupez l’ennemi!". A dit Tovey.

C’est ce qu’ils s’efforcent de faire, mais le temps épouvantable, le manque d’expérience va s’avérer catastrophique.
Sur les 5 Fulmars 2 parviennent à débusquer le Bismarck, mais ne reviennent jamais. Les 3 autres tournent dans la nuit et réussissent à rentrer de justesse.
A cette nouvelle Tovey est consterné, mais il apprendra plus tard avec soulagement la récupération d’un équipage par un cargo.

(*) il fut question de traduire Leach en conseil de guerre, pour sa fuite devant le Bismarck, finalement il reçut une décoration pour bravoure...
(**) Surnommés filets à provision en raison de leur grande charge utile et fragilité apparente.

Notes complémentaires de mes amis :


Question : le HMS Rodney a été construit après WWI n'est-il pas ? N'avait-il pas des défauts de conception des canons ?[/size]
Réponse : oui selon le traité de Washington limitant le tonnage à 35.000 tonnes, toutefois les anglais voulant mettre des 406mn ils placères trois tourelles triples à l'avant (dont la troisième vraiment serrée) afin de répartir le poids au mieux, en sacrifiant la vitesse et limitant le blindage aux parties vitales pour le combat (lui et le Nelson possédaient des ballasts sous la ligne de flottaison et répartis sur toute la longueur afin d'absorber les effets d'une torpille). Les problèmes de canons apparurent sur le King Georges V et le Rodney au bout d'une heure de tirs ininterrompus contre le Bismarck (chose extraordinaire dans un combat naval en général très court, a cause des dégâts) sachant que les canons de marine doivent être remplacés au bout d'un certain nombre de coups, ce n'est pas surprenant.


Nous avons déjà vu le Swordfish sur lequel je reviens brièvement (enfin presque...)
Très robuste, il est doté d'un moteur Pegasus Bristol de 750 ch.
Il décolle à 100-110 km/h à la charge de 4200 kg (avion armé). A la vitesse de 155 km/h, il dispose de plus de 5 heures d'autonomie. Sa vitesse maximale est de 225 km/h et il apponte à 110 km/h (décrochage à 90km/h).

On voit que la plage de vitesse est très faible mais, doté de dispositifs hypersustentateurs efficaces, l'avion pouvait évoluer sur de très courts rayons et pratiquer le "virage sur l'aile".
Tous les avions virent sur l'aile certes, mais ce terme est la traduction approximative de "wing over" (terme bien connu des pilotes ULM et deltistes ou parapentistes) qui consiste à cabrer (pas trop sinon...) tout en inclinant l'avion à 60° minimum puis à le ramener en vol horizontal: c'est une sorte de demi-retournement pour effectuer un 180° rapide permettant une évasive ou un retour rapide sur cible.

Il pouvait aussi piquer à fond, pratiquement sans prise de vitesse, pour ne redresser qu'à 100-150 m et approcher la cible en volant à quelques mètres au-dessus de l'eau, voire moins (certains pilotes ont trempé les pneus dans l'eau sans dommage).
Ce n'était pas pour autant un zinc de voltige mais ses qualités de vol et de pilotage, sa robustesse, jointes à sa capacité d'emport, l'ont fait apprécier de ses pilotes qui avaient pour leur "string-bag" une véritable affection au point que beaucoup ont rechigné à être transformés sur Albacore, qui devait être son successeur, toujours biplan, mais relooké sans grand bonheur.
En fait les deux gros biplans ont cohabité jusqu'en 1944.

Il est aussi question, dans ce récit, du Fairey "Fulmar".
Il s'agissait d'un chasseur embarqué destiné à escorter les avions-torpilleurs et, éventuellement, d'attaquer à la bombe.C'était un biplace de 1300 cv (moteur Rolls Royce Merlin), optimisé pour la très basse altitude: 380 km/h au niveau de la mer, décollage et appontage à 120 km/h (décrochage à 110 km/h train sorti).
L'armement se composait de 8 mitrailleuses de 7,7 mm, remplacées par 4 Browning de 12,7 mm, avec quelquefois un "mixe" des deux: 4 X 7,7 dans l'aile gauche et 2 X 12,7 dans la droite.L'observateur-navigateur (plus tard radariste) ne disposait d'aucun armement défensif. On imagine aisément qu'en cas d'attaque arrière le malheureux devait serrer les fesses. Geoffrey Bussy, à qui je me réfère ici, note que certains observateurs en étaient réduits à utiliser le pistolet Very pour tirer des fusées de détresse en direction de l'assaillant, voire lancer des rouleaux de papier toilette...Tout comme le Swordfish, le Fulmar est équipé d'un récepteur de radioguidage (le radar viendra plus tard).

A signaler que l'équipage du Catalina fit un mauvais point et donna une position éloignée de 35 milles au nord-ouest de la position réelle.
Il est à noter aussi que l'ordre de tirer sur l'hydravion fut regretté par la plupart des officiers du Bismarck, car c'était confirmer son identité.

A bientôt si vous le voulez bien.

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Message par Nico42 Dim 04 Juin 2023, 09:04

Merci Michel pour cette suite

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Amitiés,

Nicolas

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Message par L'ancien Mer 07 Juin 2023, 11:55

Le bonjour vous va Tertous,
vue les difficultés à débroussailler  les écrits communs, vue l'ancienneté de la 1ère réalisation, j'espère ne pas avoir loupé des étapes!

 ---CHAPITRE IV--- 

 LE BISMARCK Coté Anglais
 
 Origine toujours Surcouf  ++ et Mba l'ancien...
 

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10


Sir James Somerville commandant de la force H

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS James_10

25 mai :

1h00 :

Le filet se resserre sur le Bismarck . Le Revenge, le London, L’Edinburgh font route vers lui en forçant leurs machines. Ils sont encore loin, mais le Victorious prépare de nouveau ses avions.
Le King Georges V et le Repulse font route à l’ouest à toute vapeur.
Tovey penché sur les cartes est satisfait :

"Si le Bismarck maintient son cap, le contact devrait se faire vers 8h30. Le Rodney lui l’atteindra vers 10h00, le Ramillies à 11h00".

Un officier apporte un message :

"La force H se trouve au mouillage dans le golfe de Gascogne selon vos instructions amiral".
"Parfait, ordonnez l’appareillage!."

3h30 :

Tovey décide de rapprocher les forces de Somerville plutôt que les laisser en embuscade près de la France. Il se tourne vers ses officiers :

"Demandez à la force H de faire route à toute vitesse vers le Bismarc!"k.

Dans l’atlantique le porte avion Ark Royal enfonce son étrave majestueuse dans la tempête, derrière lui les navires souffrent et particulièrement les destroyers.
L’amiral sir James Somerville commandant la force H est un homme déterminé.
C’est lui qui a ouvert le feu sur la flotte Française en Algérie. Il est cordialement détesté par les alliés pour cette action, mais n’en a cure. Il n’a fait qu’exécuter les ordres de Churchill. Ses détracteurs lui reprochent de n’avoir pas laissé les Français sortir et combattre comme le veut la tradition navale.
En résumé James Somerville a fait de l’efficacité sa devise. L’amiral fonce donc avec le vieux croiseur Renown, le porte avions Ark Royal et le croiseur Sheffield. S’ajoutent également des destroyers. Pour l’instant il est encore à 1000 milles du drame, mais bien décidé à participer à l’action.

3H30 :

Le Bismarck manœuvre habilement pour échapper aux navires qui le suivent. Il vire tribord toute pendant un zigzag des Anglais.

A bord du Suffolk, les opérateurs radars épuisés par la veille permanente sont habitués à retrouver le cuirassé à chaque sortie de virage.

"Tu le vois?", demande l'un des opérateurs.
"Pas encore, patience", répond l’autre.

Quelques minutes se passent sans écho radar.

"Il a dû infléchir son cap à l’ouest",. on va le retrouver.

Mais pas de Bip rassurant. La mer est vide.
Le Suffolk modifie son cap pour retrouver le cuirassé allemand, sans résultat.
A bord du croiseur on est sidéré :

" avons perdu contact avec l’ennemi" dit l’amiral Wake-Walter.

Sur le King Georges V Tovey réunit ses officiers et examine la carte posée devant lui. Elle indique la position approximative de chaque navire. Approximative, car bien entendu on indique le moins possible sa position.
Un officier désigne un point sur la carte.

"Le Victorious se situe en réalité à 200 milles au sud de l’endroit prévu".
" Sans la position exacte du Bismarck, il ne nous sert à rien. Réplique l’amiral".

Autour de Tovey les officiers théorisent sur la position du cuirassé allemand.
L’amiral les écoute, puis perd patience.

"Messieurs, fini les bons mots. Je dois prendre une décision sur la répartition des navires. Je pense que le Bismarck va prendre le chemin le plus dangereux pour nous, celle de l’Atlantique et des convois. Demandez au POW de nous rejoindre"

"Impossible Sir, son niveau de carburant l’oblige à Rejoindre l’Islande pour ravitailler"
.
Tovey déçu, ordonne :
"Demandez au Norfolk et Suffolk de chercher vers le sud-ouest et au Victorious accompagné de son escorte de couvrir la route du nord-ouest!".
"Bien Sir!".

L’amiral fait une grosse erreur et envoie l’aviation chercher à l’opposé du Bismarck. Il laisse la route de France ouverte. Seule la force H encore loin peut intercepter le cuirassé allemand.
Pourtant le capitaine de corvette Wellings de l’US Navy et son ami Gaffney Gatacre sont persuadés de l’option du port Français. Ils tentent d’en convaincre le commandant du Rodney, le capitaine F.G.H Dalrymple. Hamilton qui finit par accepter après 3 heures de vaines recherches.
La disparition du Bismarck jette la consternation dans ce monde.
Roosevelt s’imaginant avoir affaire à un monstre pouvant attaquer l’US Navy, commence à s’inquiéter :

"Et que va-t-on faire si ce cuirassé surgit dans les Caraïbes pour s’attaquer aux navires de commerce?".

Ses amiraux réalistes ont un petit sourire en coin :

"Nous enverrons quelques bombardiers et des sous marins à ses trousses".

Le président américain n’est qu’a moitié convaincu :
"Pensez vous que l’opinion publique réagira?", demande Roosevelt à ses conseillers.
"Seulement si l’US Navy manque son coup!".

8h46 :

Brusquement l’opérateur radio surgit sur la passerelle du King Georges V, il est surexcité :

"Sir, le Bismarck vient d’émettre en clair!".
"Alors vous avez sa position?". Demande Tovey.
"L’amirauté ne nous a transmis que les indications de relevé!".
"Nous allons faire les calculs nous même. Intégrez les relevés à ceux de nos destroyers (équipés de dispositifs de recherche par radiogoniométrie), ainsi nous aurons un point plus précis!".

Malheureusement pour Tovey, une erreur de calcul place le Bismarck à 90 milles plus au nord de sa position réelle. Tovey convaincu que le Bismarck va regagner la Norvège ordonne de mettre le cap au nord-est et fait envoyer le message suivant :

"Par radiogoniométrie, estimons position ennemie le 25 à 9h52 ; 57°latitude nord et 33°longitude ouest. Toutes les forces coalisées dans cette direction pour recherché" ».


11H30 :

Toute la flotte Britannique fonce à toute vapeur dans la direction opposée à celle du Bismarck.
A bord du Rodney, le capitaine Dalrymple-Hamilton est perplexe :

"Nos calculs ne collent pas avec ceux de Tovey, les Allemands ne peuvent être à la position indiquée. Pour moi le Bismarck fait route vers la France".

Hamilton passe outre les ordres et le Rodney maintient son cap.

11h58 :

Tovey se rendant compte de son erreur, donne l’ordre suivant :

"Agissez comme si l’ennemi se dirigeait vers le Golfe de Gascogne, Wellings et Gatacre sur le Rodney, peuvent se féliciter d’avoir eu raison depuis le début".

Mais le temps que les navires anglais virent de bord, le Bismarck a pris une avance de 150 milles. De plus toutes les forces en présence se trouvent plus ou moins à court de carburant et doivent relâcher dans les ports les plus proches.
Le Prince of Wales, le Victorious, le Repulse et le Suffolk deviennent hors course. Le Ramillies reçoit l’ordre d’escorter le Britannic.
Tovey se retrouve seul avec le King Georges V et le Rodney, ce dernier pouvant éventuellement intercepter le Bismarck grâce à l’insubordination de son commandant.
De son côté Wake-Walter refuse de ravitailler. Il décide quoiqu’il en coûte d’accompagner Tovey avec le Norfolk.

"Mais commandant si nous nous trouvons en panne de mazout?". Objecte un officier.
"Hé bien, nous nous ferons remorquer!".

Reste tout de même la force H qui continue à foncer vers le nord.

21h00
:
Le Rodney qui a poussé ses machines toute la journée vers le nord-est, oblique vers l’est.
Churchill dans son bureau des Chequers est pendu au téléphone.
Il a demandé à toute la Home-Fleet de prendre la mer contre le Bismarck.

"Coulez le Bismarck!"

devient le leitmotiv général sur les ondes. Il faut dire qu’un échec pourrait coûter cher au premier ministre. Sans compter le coup terrible porté au moral de la marine anglaise. En cet instant Churchill à fait du naufrage du cuirassé une priorité nationale. Si le Bismarck atteint Brest, Il est plus que probable que la RAF va le bombarder chaque nuit, faisant fi des pertes dues à la Luftwaffe.
La situation deviendra intenable pour les allemands (comme ce fut réellement le cas)*, l’homme à déjà donné des ordres en ce sens.
En outre l’amirauté puisant dans les réserves, racle tous les fonds des ports pour rajouter 6 destroyers à la chasse au Bismarck.
Tandis que le Rodney et le King Georges V traversent des eaux infestées d’U boats. Les destroyers Cossack,Sikh et Zulu recoivent l’ordre de rejoindre le King George V.

"Le Maori et le Piorun (Polonais) doivent rejoindre le Rodney!". précise Tovey

26 mai :

3h30 :

Un hydravion Catalina décolle de Lough Erne au nord de l’Irlande. A son bord se trouve Leonard B.Tuck Smith de l’US Navy «en détachement illégal»( pour instruire les pilotes anglais) et le commandant Dennis Briggs. Il y a également 8 autres membres d’équipage à bord.
Le Catalina vole vers l’ouest en direction de sa zone de recherche.
Au bout de 3 heures de vol de nuit, les visages sont gonflés par le manque de sommeil. Les paupières lourdes, Smith penche de plus en plus vers les instruments
:
"Ce vol est interminable commandant!". Lance Smith à travers le bourdonnement des moteurs.
"Ca ira mieux à l’aube, vous verrez!", répond Briggs.

6H30 :

L’apparition du « cuistot » avec ses œufs au Bacon est nettement appréciée par l’américain qui avale littéralement son petit déjeuner :

"Je dois dire que vous autres Britanniques savez vivre!".
"Merci, vous savez à bord il y a tout ce qu’il faut pour rendre ces longs vols agréables!"
.
Tandis que «Georges» le pilote automatique maintient le Catalina à 500 pieds, les 2 pilotes se dévissent la tête afin de percer les nuages.

"Vous pensez qu’on trouvera le Bismarck?". Demande Smith.
"Autant chercher une aiguille dans une botte de foin!"
.

10H30 :

Une forme noire de la taille « d’une boite à cigare » apparait sur la mer entre deux nuages.

"Qu’est ce que c’est que ce truc?" Demande Smith.
"On dirait un navire de guerre!", ajoute t-il.
"Il n’a pas de destroyer d’escorte, c’est probablement un Allemand!", répond Briggs.
"Vous pensez que c’est le Bismarck commandant?".

Soudain des éclats d’obus font trembler la carlingue du Catalina.

"Je crois que vous avez votre réponse"!. Crie Briggs.

Les deux hommes décident de descendre et tourner autour de la poupe pour confirmation. Mais ayant mal jugé leur altitude, l’hydravion surgit brusquement à la verticale du cuirassé qui tire de toutes ses pièces.

"On va y laisser notre peau!". Crie Smith.

L’hydravion tremble sous les impacts. Un homme qui dormait dans sa couchette est projeté au sol. La coque est percée comme une écumoire. Le gabier devant sa vaisselle casse des assiettes en porcelaine à son grand désespoir.

"Prenez les commandes et remontez"! ordonne Briggs en se dirigeant vers la table de l’opérateur radio pour lancer un message.

Les 2 moteurs à fond, Smith bascule l’avion sur l’aile et tire sur le manche comme un forcené. A cet instant un obus traverse l’espace entre les 2 pilotes!.
Mais le Catalina bien que touché se retrouve à l’abri des nuages. Par miracle personne n’est blessé et l’avion réussit à rentrer.


(*) Brest devint intenable pour la marine allemande, tant elle fut bombardée pendant la guerre. Seuls les abris pour sous-marins résistèrent.

A bientôt si cela vous intéresse…

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Message par Coyote Mer 07 Juin 2023, 17:17

oPassionnant même entre deux Spritz homéopathiques on se prend au truc sans lâcher.

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Message par L'ancien Mer 07 Juin 2023, 19:14

Le bonjour te va Coyote et Tertous,
de retour chez nous eh oui.
Tu sais que j'ai mis énormément de temps pour mettre en forme ce récit, c'était dans le but de vous intéresser à des faits du temps jadis...

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Message par Coyote Mer 07 Juin 2023, 19:23

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 1f600 Il me reste encore 3 jours de vacances’ italiennes mais cela n’empêche pas de jeter un coup d’œil.
Par contre réagir depuis l’IPhone pas flop, je rejoins Didier sur cette analyse.

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Message par Nico42 Jeu 08 Juin 2023, 10:32

Bonne fin de vacances Coyote et merci à Michel pour ce récit.

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Message par L'ancien Ven 09 Juin 2023, 13:55

Le bonjour vous va Tertous,
une fois de plus, vue les difficultés à débroussailler, les écrits communs, vue l'ancienneté de la réalisation à l'origine, j'espère ne pas avoir loupé des étapes!

---CHAPITRE V--- 

LE BISMARCK Coté Anglais

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COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10


Peinture de Robert Taylor, Un Swordfish décollant de l'Ark Royal.

COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS Swordw10
Maintenant la position du Bismarck est transmise à toute la Home-Fleet. Churchill pousse un soupir de soulagement et confirme l’ordre de détruire le cuirassé allemand.
Toyey quant à lui, découvre que le Bismarck est passé à côté des Anglais :

"Les destroyers de Vian l’ont doublé à 30 milles sur son arrière, et le Rodney l’a manqué de 50 milles!"
.
L’amiral est furieux contre lui même et son erreur de calcul, il ajoute :

"Maintenant le Rodney est à 125 milles au nord-est, et sur le King nous sommes à 135 milles au nord. Trop tard pour le rattraper!".
"Reste la force H, Sir". Remarque un officier.
"Oui, la force H avec le Renown et le Sheffield trop vieux pour supporter la puissance de feu du Bismarck!. Seul l’Ark Royal avec ses avions peut faire quelque chose. Demandez immédiatement l’intervention des Swordfishs. Sur l’Ark ce sont des pilotes chevronnés, ça vaut la peine d’essayer!".

16h00 :



En pleine tempête, la proue de l’Ark Royal fend une mer déchainée, mécaniciens et pilotes alignent tant bien que mal les Biplans secoués par les rafales. Mais malgré l’inclinaison du pont dans les creux les 15 Swordfishs réussissent leur décollage. Tandis qu’ils s’envolent, Tovey sur la passerelle du King George V regarde l’état de la mer et son navire s’enfoncer dans les lames géantes.
L’amiral n’en mène pas large, car il sait que c’est sa dernière chance. Si le Bismarck arrive en France, personne ne lui pardonnera son erreur de calcul.

18h00 :


Le Sheffield arrive au contact du Bismarck pour diriger l’attaque aérienne. Il se met tranquillement à l’abri sous couvert de la brume. Tandis qu’il manœuvre, les 15 Swordfishs détectent un navire au radar et décident d’attaquer :

"Alerte, on nous bombarde!".

Les klaxons d’alerte retentissent sur le Sheffield. Des torpilles filent sur la mer dans sa direction et des explosions déclenchent des colonnes d’eau aveuglant les servants de DCA.

"Ne tirez pas, ce sont des Swords!". Hurle un officier.
"Ah ça!, ils sont fous ils nous canardent!" répond un servant.

Le Sheffield complètement incliné, manœuvre au plus serré pour éviter les «anguilles». Heureusement pour ce dernier, les déclencheurs magnétiques des torpilles ont explosé en touchant l’eau. A part une belle frousse pour l’équipage, il n’y a pas de dégâts. 3 Swordfishs réagissent tout de même en voyant que le navire possède plus d’une cheminée (ce qui n’est pas le cas chez les Allemands).Les 3 Swordfishs s’abstiennent de lancer.
De retour sur l’Ark Royal, les pilotes se font copieusement sermonner. Heureusement pour eux le vice amiral Somerville se trouve sur le Renown et c’est son équipage qui subit son énorme coup de gueule. Après avoir abusé de toutes les injures possibles, Il finit tout de même par se calmer :

"Au moins, il y a quelque chose de positif dans cette stupidité, le constat de défaillance des torpilles. Faites remplacer les déclencheurs magnétiques par les anciens systèmes de mise à feu. Préparez au plus vite les avions pour une nouvelle attaque!".


On s’active donc sur le pont du porte avion et de nouvelles torpilles sont fixées sous les fragiles biplans.
Et de nouveau les Swordfishs décollent de l’Ark Royal.
Rapidement 3 avions de l’escadrille perdent le contact avec le reste de la formation. Le chef d’escadrille le lieutenant Godfrey-Fausset ordonne à la radio :

"Montez à 3000 mètres, on va percer la couche de nuages!".


Le sous-lieutenant Kenneth Pattison obéit et entraine son ailier Tony Beale dans une longue ascension à travers la masse cotonneuse.
Mais tandis qu’ils grimpent, Fausset remarque la formation de givre sur ses ailes.

"Piquez vite les gars, sinon nous allons geler!".

Tous 3 redescendent en vitesse et surgissent en dehors des nuages à 300 mètres de la mer. Brusquement ils aperçoivent le Bismarck dont l’avant est bas sur l’eau. Le cuirassé crache le feu par toutes ses pièces. Immédiatement un éclat touche le siège de Pattison sans le blesser.

" Alignez-vous pour larguer!" ordonne Fausset.

Ce qu’ils font sous un déluge d’enfer et une mer en fusion. Pattison et Fausset larguent leurs torpilles au milieu du crépitement des impacts sur les carlingues, les pilotes bénissant la capacité de résistance de leurs fragiles biplans.
Le cuirassé allemand manœuvre magnifiquement au milieu des sillages argentés.

"Mon Dieu qu’il est beau et terrifiant!"
. Crie Pattison en regardant le Bismarck.

Il constate qu’une des 2 torpilles à fait mouche, une colonne d’eau retombant à l’arrière de cette masse de feu.
Ils remontent en zigzagant, mais le sous lieutenant Tony Beale qui n’a pas encore largué sa torpille remarque la proue du Bismarck très haute sur l’eau et décide de lancer à cet endroit. Il redescend et pique sur son flanc bâbord.
Il a de la chance, tous les servants des pièces sont occupés à tirer à tribord et c’est dans un calme relatif qu’il largue sa torpille. Par contre la remontée est rude, un chapelet de traçantes le suit sans discontinuer perçant le Swordfish00 à de multiples endroits.

"On l’a touché! crie son observateur!".

Beale regarde par-dessus son épaule et aperçoit une colonne d’eau à l’arrière du cuirassé.

"Ne trainons pas ici!" crie Fausset.

Le reste des Swordfishs ayant enfin trouvé le cuirassé largue également ses torpilles et réussit à rentrer avec les autres. Trois avions s’écrasent à l’atterrissage et partent à la ferraille, il n’y aura que trois blessés.

Mais sur le King Georges V, Tovey reçoit le message suivant :

"Les Swordfishs ont manqués leur attaque!".

Tovey fait la grimace, il pense qu’il ne rattrapera jamais le Bismarck et Churchill va lui faire payer cher son erreur de calcul.
Puis un second message arrive :

"Ennemi virant à 340 degrés!".

L’amiral est perplexe :

"Qu’est ce que ça veut dire? Le Bismarck revient sur nous?" .

Tovey n’y croit pas une seconde :

"Il y a 2 possibilités :
- soit les Allemands manœuvrent pour éviter les tirs des bombardiers,
- soit le Sheffield confond la proue et la poupe du Bismarck.

Entre temps le message suivant confirme le précédent :

"Le Bismarck a ralenti et tourne en rond!".

Cette fois Tovey commence à y croire :

"Fantastique, il a été touché, nous le tenons!. Le King et le Rodney vont pouvoir le rattraper dans quelques heures!".

L’officier radio s’approche avec un message :

"Sir, les destroyers du capitaine Vian sont déjà sur place."



"Parfait. J’ordonne qu’ils suivent le Bismarck sans l’attaquer. Qu’ils attendent l’aube. Répétez 2 fois le message. Pas d’attaque maintenant!".

23h00 :

La tempête augmente considérablement, avec un fort vent de nord-ouest. Les navires se battent contre d’énormes lames. Masse noire cherchant l’ennemi, Le Bismarck semble zigzaguer au gré du vent.
Rivé à ses jumelles, le capitaine Vian n’a pas l’intention d’attendre l’aube. Ses 5 destroyers sont prêts à attaquer. Sans tenir compte des ordres, Il lance un appel radio :

"Je vous livrerai l’ennemi au moment désiré, mais une attaque peut-être conduite sans risque pour les destroyers. Je tenterai de l’arrêter et de le couler aux torpilles cette nuit!".

Vian semble avoir les yeux plus gros que le ventre. Ses destroyers sont ballotés par des lames de 5 mètres. Pourtant, les Cossack, Maori, Zulu et Sikh00 sont les plus gros destroyers de la marine anglaise, mais la mer et la gite sont si fortes qu’ils semblent sur le point de chavirer.

"Tant pis pour la tempête!", on lance! ordonne Vian.

Le 5ème destroyer plus petit, le Polonais Piorun embarque tant de paquets de mer que ses pompes fonctionnent sans discontinuer. Pourtant Vian s’acharne :

"Cernez le Bismarck et torpillez le!".

Prenant tous les risques, les 5 destroyers finissent par arriver à portée de tir.
Mais si le Bismarck est désemparé, il n’est pas dépourvu de son armement et les obus pleuvent dru autour des destroyers.
Un sous lieutenant du Zulu a le poignet sectionné par un éclat d’obus, un autre brise l’antenne radio du Cossack. Vian doit ordonner la retraite.

00h00 :

Les destroyers perdent le contact. Vian renonce à une attaque groupée :

" Ne tirez que si l’occasion se présente!".

Le Maori trouve une occasion et lance une torpille, tandis que le Piorun se retire pour ravitailler. Le Cossack et le Zulu réussissent à toucher le cuirassé à plusieurs reprises sans résultats apparents.
Sur le King Georges V Tovey est inquiet :

"On risque de tomber nez à nez avec le Bismarck. Lancez des obus éclairants!".


Bientôt le ciel est parsemé de lueurs brillantes. Mais cet éclairage impromptu révèle au Bismarck la position des destroyers et l’Allemand s’en donne à cœur joie. Vian doit à nouveau battre en retraite.

A suivre si vous le voulez bien…

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Message par Nico42 Ven 09 Juin 2023, 18:34

Merci Michel pour la suite de ce récit.

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Message par L'ancien Mer 21 Juin 2023, 10:53

Le bonjour vous va Tertous,
vue les difficultés à débroussailler  les écrits communs, vue l'ancienneté de la 1ère réalisation, j'espère ne pas avoir loupé des étapes!

---CHAPITRE VI---

LE BISMARCK Coté Anglais

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COULEZ LE BISMARCK VU PAR LES ANGLAIS 0000-b10


pirat LA FIN DU BISMARCK

3h35 :

Le Cossack s’approche sous les salves pour lancer sa dernière torpille, sans résultats.

4h00 :

Les destroyers perdent le contact avec le Bismarck.
A bord du Rodney, le capitaine de corvette Wellings est au comble de l’excitation à l’idée d’affronter le Bismarck, sans toutefois être sûr de revoir sa femme car Dieu seul sait comment ça va se terminer.
Soudain les hauts parleurs du bord grésillent. Le capitaine Dalrymple Hamilton s’adresse à l’équipage :

"A tous, nous allons affronter le Bismarck à l’aube. Je vous demande d’être digne de votre uniforme. Je vous souhaite bonne chance. L’aumônier va réciter une courte prière"
.
Ce qui est fait dans la minute :

Dans le besoin qui est le notre, nous t’implorons Seigneur de bien vouloir prendre en main notre destin pour juger de nous et de nos ennemis"
.
Depuis des siècles on récite cette prière dans la marine anglaise.
Ensuite la tête basse, chacun regagne son poste de combat avec l’angoisse de finir comme le Hood.
A bord du King Georges V le lieutenant de vaisseau Hugh Guernsey observe l’amiral Tovey au milieu de ses officiers :

"Regardez, ils sont debout ou adossés, comme une troupe de fantômes",  chuchote t-il à son voisin.

Il faut dire que l’atmosphère est lugubre, chacun mesurant le poids du destin et se demandant quel navire va affronter en premier le feu meurtrier du Bismarck.

"On attend l’aube pour attaquer". Confirme Tovey.

Guernsey communique en permanence avec la salle de radio et transmet les messages à l’amiral.
Dans la nuit du chocolat chaud est servi. Chaque homme le boit sans conviction.

"On aurait pu nous servir du vinaigre que personne n’aurait remarqué" dit Guernsey.

L’angoisse de l’équipage est palpable. Certains regardent comme pour la dernière fois les photos de famille.

4h00 :

Le Dorsetshire sous le commandement du capitaine Benjamin Martin abandonne l’escorte de son convoi pour participer à la chasse au Bismarck.
Martin s’adresse à ses hommes :

"Messieurs, nous avons reçu l’ordre d’intercepter et couler le Bismarck. Nous attaquerons avec notre artillerie principale et lorsque nous serons suffisamment près, nous nous mettrons en position pour le torpiller avant de l’éperonner par le travers".

Ce discours pour le moins irréaliste produit un effet catastrophique sur l’équipage traumatisé par le naufrage du Hood.
Ainsi le quartier maitre Joe Brooks se tourne vers un camarade et lui demande :

"Combien de temps faut-il pour rejoindre Brest à la nage ?".

6h00 :

L’Atlantique se déchaine. Au vu des vagues gigantesques et du vent «à décorner les bœufs» selon l’expression d’Hugh Guernsey, Tovey décide de reporter l’attaque.
Il se tient sur le pont du King Georges V au grand affolement de ses officiers :

"Je ne veux pas que le Bismarck s’échappe. Tenez-vous à distance et attendez mes orders!".

L’amiral fait manœuvrer séparément le KGV et le Rodney afin d’éviter la mésaventure du Hood. S’adressant à ses officiers, il leur dit :

"Le King et le Rodney doivent s’approcher par vent arrière et déboucher à l’ouest face aux Allemands. A contre jour, le Bismarck sera une cible parfaite. Les Swordfishs de l’Ark Royal doivent également participer à l’attaque"
.

Hitler à bord du Bismarck. Il s'était personnellement investi dans l'histoire et la vie du cuirassé, sa perte fera qu'il se détachera du destin de la marine allemande.


7h37 :

Le Norfolk et le Dorsetshire arrivent du sud à toute vitesse.

7h53 :

"Lancez l’attaque!". Ordonne Tovey.

Le Norfolk aperçoit le Bismarck, mais le confond avec le Rodney . Utilisant ses projecteurs, il s’évertue à lui envoyer des signaux!
.
"Pourquoi il ne répond pas?, demande l’amiral Wake-Walker.

"C’est le Bismarck!". Crie un officier.

Le Norfolk à juste le temps de se mettre à l’abri avant la réaction du géant. Il signale la position du cuirassé allemand au King Georges V et Rodney qui s’approchent.
Tovey met son casque de combat resté dehors et se retrouve douché par l’eau accumulée. Les témoins le voient sourire de sa mésaventure.

8h43 :

La silhouette du Bismarck apparaît à l’horizon. Pour tous c’est le monstre tant redouté, il représente la terreur d’un obus bien placé décidant du sort de leur navire.

8h47 :

Le Rodney ouvre le feu. A bord, on a l’impression que le blindage va se désintégrer. Le navire tremble de toutes ses membrures. Puis le King Georges V tire à son tour.
Le Bismarck demeure silencieux malgré les colonnes d’eau se rapprochant de sa coque.
"Pourquoi ne riposte t-il pas?".  se demande Tovey.

A cet instant on distingue des lueurs sur les tourelles avant du Bismarck. Il ouvre le feu sur le Rodney, les salves tombent assez loin du cuirassé anglais.

Dieu merci, ils tirent sur le Rodney!» lançe égoïstement Guernsey.
L’Allemand envoie un déluge d’obus, mais comme le Bismarck manœuvre mal ses tirs sont désorientés. Le Norfolk vient se joindre à la curée et tire avec ses canons de 150 mm. C’est loin de ralentir le feu du géant.
Le Rodney est légèrement touché sur ses dispositifs de visées anti-aériennes, mais il n’y a pas de blessés.

"20 mètres plus en arrière et le Rodney n’avait plus de passerelle et de commandant",constate le capitaine de corvette Wellings.

9h00 :

Le Dorsetshire arrive et entre en action.
Sur le Rodney, le capitaine Dalrymple-Hamilton décide :

"Cap au nord, nous allons reprendre l’attaque dans une meilleure position!"!.

Pendant ce temps le Bismarck tire sur le King Georges V qui le lui rend bien. Le cuirassé allemand a le pont parsemé d’éclairs et se retrouve cerné par des geysers hauts comme des maisons.
Le Rodney revenu par derrière et le KGV s’approchent du Bismarck pour utiliser leur artillerie secondaire et anti-aérienne.

"Feu à volonté avec toutes les pièces. Il faut le couler!. Ordonne Tovey.
Le décor est surréaliste. Contrastant avec la grisaille des navires et de l’océan, les éclairs des tirs illuminent la scène de fresques multicolores, comme un gigantesque feu d’artifice.
Guernsey note dans son carnet :

Les obus trouent la coque blindée du Bismarck comme un morceau de gruyère ».
Tovey lui constate :

Sur le Bismarck des incendies se déclarent en plusieurs endroits et le navire semble ingouvernable ».
Cependant l’Allemand tire toujours. Le Rodney et le KGV sont si près que leurs canons sont au maximum du pointage négatif.
C’est l’enfer pour le Bismarck. On voit des pans entiers de superstructures éclater et voler dans des tourbillons de feu. Ses canons pendent comme des arbres abattus.
Tovey observe le résultat aux jumelles :

"Ca tourne à l’exercice de tir".

9h31 ;

Le Bismarck cesse de tirer, mais Tovey continue de le bombarder malgré le fait qu’il
ne soit plus qu’une épave en flammes. Des silhouettes se mettent à courir sur le pont du cuirassé et se jettent à la mer.

10h15 :

Craignant les sous-marins, Tovey ordonne : "Cessez le tir, je me retire à l’écart. Que le Rodney me suive. Tout navire ayant encore des torpilles doit entrer en action!".

Un officier précise, "Tous les destroyers sont rentrés pour ravitailler sir, il ne reste que le Maori sans torpille".

"Alors que le Dorsetshire finisse le travail!!".

Le capitaine Martin ne se fait pas prier. Il s’approche avec son navire à 1,5 milles par le travers tribord, lance 2 torpilles qui explosent contre le cuirassé sans le faire bouger d’un pouce.

"Ce satané allemand résistera jusqu’au bout!". Lance Martin.

Cette fois le Dorsetshire lance une troisième torpille sur le flanc bâbord du Bismarck.
Coïncidence avec le sabordage du cuirassé ? (selon les témoignages allemands), toujours est-il que le Bismarck s’enfonce par l’arrière et coule. Son étrave pointe vers le ciel avant de s’enfoncer majestueusement.
Reste des centaines de silhouettes se débattant dans l’océan.

A bord du Dorsetshire, le quartier maitre Joe Brooks observe la fin du Bismarck :

Je ressens toute l’horreur de la guerre en voyant ces hommes sauter et nager ».
Sur le King Georges V qui s’éloigne l’amiral Tovey observe aussi la scène aux jumelles. Il prend à témoin ses officiers :

Messieurs le Bismarck s’est battu avec courage contre un sort implacable et s’est montré digne des heures de gloire de la marine impériale allemande ».
Au dessus de cette scène dramatique tournent 12 Sworfishs. Ils n’ont pas pu intervenir au risque d’être massacrés par la pluie d’obus échangés de part et d’autre.
Dans l’un d’entre eux, l’observateur Edmond Carver commente à la radio :

"Vous avez vu ça les gars, le Bismarck, on aurait dit un chaudron de feu!".

Mais maintenant, reste les centaines de survivants se débattant dans l’eau glacée et le mazout. On entend les cris de ces hommes désespérés.
A bord du King Georges V et du Rodney on constate les dégâts des tirs longue durée. De nombreux canons sont tombés en panne, il ya des fuites d’eau partout. Sur le Rodney les plaques de blindages ont travaillé et perdu des rivets. Les meubles sont brisés.

Tovey décide de rentrer pour ravitailler :

"Que le Dorsetshire et le Maori restent sur place recueillir les survivants!".
"Bien Sir".

Les 2 navires s’approchent lentement.

Dans l’eau à 13° un millier d’hommes surnagent.

"La mer est trop forte pour les embarcations, lancez des filins. Ordonne Martin!".

Le Dorsetshire et le Maori se rapprochent lentement de la masse humaine surnageant dans cet océan recouvert de mazout. Instinctivement tous nagent le long du flanc abrité du vent et s’agrippent aux filins. Mais ces derniers sont rendus glissants par le mazout.
Certains naufragés ont l’idée de faire une boucle autour d’un bras et peuvent être hissés à bord. Les marins anglais les aident au mieux.
Un naufragé dont les bras ont étés sectionnés lutte désespérément accroché à un filin avec ses dents.

"Il faut le sauver!". Crie Joe Brooks.

Il se laisse glisser par dessus bord pour passer une boucle autour de son corps.
A cet instant le capitaine Martin reçoit une alerte aux sous marins et décide de partir.
Brooks voit avec horreur le Dorsetshire avancer au milieu des cris et supplications des naufragés. Il s’agrippe au filin destiné à l’Allemand qu’il n’a pas eu le temps de sécuriser. Malheureusement, ce dernier coule à pic.
Brooks progressivement hissé à bord, voit des centaines de naufragés lâcher prise au milieu des cris et supplications, certains même cherchant encore à s’agripper avec leurs ongles à cette coque sombre, dernier espoir avant leur tombeau liquide.

Aussitôt Brooks à bord, Martin le consigne immédiatement dans sa cabine (il échappera tout de même à la mesure disciplinaire).

Il y a en tout 110 survivants. Tous enduits de mazout et noir comme du charbon.

85 sur le Dorsetshire et 25 sur le Maori. On les soigne et on leur donne du Rhum. La plupart vomissent immédiatement se purgeant du mazout ingurgité.
Aux Chequers, Apprenant la nouvelle Churchill aborde un large sourire, il décide de ne pas allumer son cigare, mais plutôt de préparer son discours au parlement. Sa plus grande victoire sera d’annoncer indirectement à Hitler la perte de son cuirassé, personne n’ayant osé le faire.

Le Führer ne pardonnera jamais à Raeder cette humiliation.

Et voilà mes amis, le récit de Surcouf et de votre serviteur!.

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Message par Coyote Mer 21 Juin 2023, 11:44

Superbe, merci Michel.

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Message par Nico42 Mer 21 Juin 2023, 21:35

Merci Michel pour ce récit.

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